3- Nous longeons le Sud Marocain vers l'Est


31 mars :  Départ à 9h30 pour Icht, en direction de Tata. On rencontre encore des travaux de consolidation ou de réfection de la route suite aux dégâts occasionnés par les fortes pluies et inondations de 2015, et de nombreuses plantations de figuiers de barbarie sur les collines.

Après avoir traversé Guelmim, la végétation et la circulation sont de moins en moins denses. La route traverse le reg (désert de pierrailles). Nous avons aperçu, toujours éloignées de la route, quelques kaïmas (tentes de nomades) et un gros troupeau de chèvres broutant on ne sait quoi. Les paysages désertiques sont typiques de l'Anti-Atlas, de couleur rouge-brun tirant parfois sur le noir, avec des strates plissées, tourmentées et parfois à la verticale.

Arrivés à Icht à 15h15, nous nous installons au Camping Borj Biramane. Après s'être installés, nous faisons quelques parties de jeu "6 qui prend" avant l'apéro. En début de soirée, nous recevons quelques gouttes de pluie, et le vent glacial reprend de la force pour durer toute la nuit, secouant le c-car. Nous avons donc été bien bercés.

 

1er avril : Dans la matinée, petite balade jusqu'au village d'Icht, à 1km, où beaucoup de constructions ont surgi du sol depuis 3 ans et d'autres vieilles maisons sont modernisées. Nous discutons avec des enfants qui nous quémandent "bonbons-stylos" et avec des adultes très accueillants. Un jeune bien gentil nous guide dans le village. Nous lui offrirons une belle paire de tennis.

Nous y retournons l'après-midi, et nous allons visiter une association féminine dont les filles (ou les femmes) en difficulté financière fabriquent des trousses, des porte-monnaie, des bracelets, des bagues, des porte-clés... avec des bandes découpées dans des sacs plastiques. Elles sont donc occupées, et en vendant leurs travaux, elles gagnent ainsi un peu d'argent, ce qui est loin d'être négligeable pour elles.

Un retraité marocain parlant bien le français, nous fait visiter la maison d'un copain en profonde rénovation et nous sert d'interprète auprès de ces filles (elles ne parlent que leur dialecte berbère, le marocain, et très peu l'anglais). Nous lui offrons aussi des vêtements et des livres pour le remercier de son accueil et de sa disponibilité pendant près de 2 heures.

L'une des filles (Zorah, divorcée), que l'on avait rencontrée il y a 3 ans, nous reconnaît et nous invite chez elle (avec des copines) à prendre le thé. Très sympathique, elle fabriquera une bague pour Colette et viendra nous l'apporter demain samedi au c-car. Nous pourrons ainsi lui offrir quelques présents (habits et chaussures, pour sa fille de 14 ans).

Ah, j'oubliais : ce matin, le vent s'est calmé après avoir débarrassé le ciel de tous les nuages, s'est radouci, et le soleil a pu ainsi devenir brûlant. Nicole est allée se baigner dans la piscine du camp. Il a repris un peu le soir mais s'est vite arrêté de nous embêter, ouf ! A 22h, il fait encore 22°, un régal ...

 

2 avril : Pendant toute la nuit, le vent nous a encore bercés, mais ce matin, il se calme, et à 10h, nous avons 20°. Nous profitons de la journée pour faire un peu de lessive, de nettoyage et de rangement, de mise à jour du site.

 

3 avril : Ce matin, impossible encore de prendre le petit déjeuner dehors tant le vent souffle fort. Pourtant , le ciel est dégagé, le soleil brille et chauffe. Aujourd'hui, grand jour pour Nicole : c'est son anniversaire ! Nous le fêtons le soir au camping. Christian et Nicole avaient prévu le Champagne, qu'on  a bu dans le c-car.

Nous avons continué ensuite au resto du camping avec un succulent couscous, une bonne bouteille de rosé marocain, et des bananes flambées au dessert. Puis le cuistot a apporté une part de gâteau pour que Nicole puisse souffler sa bougie ! Délicate attention...

4 avril : Nous prenons la route à 10h pour 150km de désert vers Tata : du reg avec des pierres aux arêtes vives, des collines et un peu se sable. Récompense : nous avons vu nos premiers dromadaires : un petit troupeau traversait la route devant nous. C'est toujours une image typique dont on ne se lasse pas !

Nous arrivons à Tata à 13h, nous faisons quelques courses pour manger (le frigo était vide). Nous nous installons au Camping Municipal, en centre-ville. Quelques travaux l'ont rendu un peu plus agréable que les années précédentes. Vers 16h, nous allons en ville pour prendre rendez-vous avec Adil, au salon "Tata Style" (école d'esthétique chez qui nous étions allés en 2010 et 2013) pour faire un soin du visage. Malheureusement, l'enseigne a disparu et le salon est fermé. Déception...

Nous allons ensuite retrouver notre ami Youssef, qu'on connaît depuis 2008. Il est très heureux de nous revoir, et de faire la connaissance de Nicole et Christian. Nous l'invitons au camping pour boire une bière à l'occasion de nos retrouvailles. Nous évoquons les faits marquants de ces trois années d'absence et à 19h30, il prend congé après qu'on lui ait donné rendez-vous demain à 17h.

Le vent s'est à nouveau levé, il fraîchit et il est impossible de manger dehors. Ce soir, nous voyons un beau coucher de soleil. Encore une bonne journée de passée...

5 avril : La nuit a été encore très venteuse. Ce matin, peu de bleu dans le ciel et timide soleil. Nous essayons de rencontrer Adil, mais en vain. Nous apprenons qu'ici, ce sont les vacances et que l'école est fermée. Nos soins ne seront donc pas effectués ! Un de ses amis nous dit qu'il encadre un stage au lycée voisin. Nous nous y rendons, mais ce n'est pas le bon endroit... L'économe du lycée nous conduit au collège, mais Adil est absent. Sur le chemin du retour, toujours avec l'économe, nous voulons acheter 4 pains, mais c'est elle qui les paie à notre place. et nous dit: "Cadeau" !...

Après-midi, nous retrouvons Youssef. Nous faisons quelques courses avec son aide: nous achetons des épices, de l'huile de graines de figues de barbarie (pour soins esthétiques), de quoi pique-niquer demain, et Colette va chez le tailleur pour faire rétrécir 2 shorts. Ce soir, le vent se calme un peu.

 

6 avril : La nuit a été très calme. Ce matin, ciel bleu, soleil et pas de vent, c'est sûr, aujourd'hui nous aurons chaud !

Nous partons à 8h30 pour régler des problèmes dentaires de Nicole au dispensaire. Le médecin qui consulte est un français qui y travaille bénévolement. Il la place sous antibiotique et lui conseille de faire une panoramique, ce qu'elle fera à Marrakech quand nous y passerons.

Ensuite, Youssef nous emmène "explorer" la palmeraie de Tata. Il nous donne des explications détaillées sur les différentes cultures qui poussent à l'ombre des palmiers et sur l'irrigation. L'eau est distribuée par un système ingénieux de répartition, avec un contrôle équitable (selon la superficie des jardins) par un "sage" du village qui contrôle les heures de distribution à l'aide d'une horloge à eau (clepsydre).

Nous croisons quelques femmes transportant de lourds fagots de fourrage pour leurs bêtes.

Dans le vieux village, nous avons aussi la chance de rencontrer une jeune fille dont c'est le tour de cuire le pain traditionnel pour tout le village. Le four est en terre, le pain est cuit sur des pierres chauffées, et le feu est alimenté par des feuilles de palmier. Pour nous remercier de notre visite, elle nous offre un pain tout brûlant ! Nous donnerons à Youssef quelques vêtement et chaussures qu'il portera plus tard à la famille, de notre part (merci à Claire et à Ingrid pour leurs dons).

Nous rencontrons aussi 2 messieurs qui venaient de se faire opérer de la cataracte, et à qui nous donnons des gouttes oculaires qu'ils n'auront pas à acheter.

De retour au camping, nous partons tous ensemble dans notre c-car pour pique-niquer à 20km de Tata, pour découvrir des gravures rupestres datées entre 3000 et 5000 ans maximum: nous voyons des gazelles, des autruches, des fennecs, des girafes, un gnou... piquetés sur une pierre dure.

Pendant notre pique-nique, deux femmes nomades berbères arrivent au puits (à une cinquantaine de mètres de nous) prendre de l'eau puis la rapporter avec les ânes à leur kaïma, qu'on découvre à 500m de distance. Nous allons les voir puiser l'eau: le contact est facile, mais elles refusent qu'on les photographie. L'une d'elles est jeune maman, l'autre est sa belle-mère. La jeune maman nous demande si on a des chaussures pour la petite fille (Aziza) qui est restée à la kaïma avec son grand-père. Nous en offrons une paire, ainsi qu'un doudou, et une autre paire pour elle-même, car les chaussures qu'elle porte sont cassées. Peu de temps après, elles reviennent nous présenter la petite, âgée d'environ 1 an 1/2, avec les chaussures aux pieds qui lui vont parfaitement ! La maman nous fait voir qu'Aziza a une brûlure sur le côté d'un pied. Quelle chance, nous avons justement un tube de Flamigel (merci Gégé). Je lui désinfecte la plaie, je lui applique le gel, elle ne bronche pas. Elles nous connaissent mieux maintenant et acceptent les photos. Nous laissons le tube pour que la maman continue le traitement, en demandant à Youssef de bien lui traduire les conditions d'emploi et les mises en garde.

 

De retour au camping, douche puis resto. Mais Youssef ne pourra pas nous accompagner comme prévu, car sur le chemin du retour, il a été appelé pour un travail. Le tajine était excellent et copieux. Nous avions emporté un boîte pour réserver la part de notre ami absent. Prix du tajine pour 5 personnes : 128 Dh (=12,80 €) avec la bouteille d'eau ! C'est ça aussi, le Maroc ! En sortant, nous allons déguster un délicieux beignet (6 Dh pour 4 (0,15 € par personne), une ruine !). Ensuite, Colette va reprendre ses 2 shorts chez le tailleur (travail impeccable), et lui en laisse un troisième, qu'elle reprendra demain.

7 avril : Aujourd'hui, lessive, ménage (on a engrangé beaucoup de poussière hier), mise à jour du site. Youssef a passé la journée avec nous, repas au c-car (on lui a servi sa part de tajine d'hier). En début de soirée, Colette reprend son short chez le tailleur (60 Dh = 6€ pour les 3 shorts !) avant de prendre le pastis avec Youssef, repas et dodo (nous sommes tous fatigués).

 

8 avril : Nuit calme, beau temps chaud, départ pour Zagora à 9h30. Moment d'émotion : nous disons "au-revoir" à Youssef, qui nous quitte précipitamment pour qu'on ne le voie pas pleurer...

Vers Tissint, la rivière a creusé les limons d'une trentaine de mètres. Nous nous arrêtons au village pour voir les cascades, peu spectaculaires car peu d'eau.

En direction de Foum Zguid, 2 bergères nous font signe: elles ont soif et faim, nous leur offrons 2 pains et de l'eau. La route est rectiligne, coupant la large plaine de reg, et de chaque côté, au loin, on aperçoit des montagnes dans un ciel voilé par la poussière. De chaque côté de la route, en plein désert, on aperçoit plusieurs champs de pastèques et de melons. Leur couleur verte contraste avec la couleur de la terre environnante, et nous nous demandons d'où peut provenir l'eau qui sert à l'irrigation ?

De temps en temps, nous voyons des kaïmas et des troupeaux de moutons. Par endroits, des panneaux triangulaires nous mettent en garde de la traversée éventuelle de dromadaires. Nous en voyons un troupeau près de la route, et un des 2 bergers vient à nous pour obtenir un peu d'eau. Nous lui offrons une bouteille, 2 yaourts et 2 oranges, et nos femmes se font photographier avec lui devant le troupeau !

Arrivés à Zagora, nous rencontrons plusieurs voitures de "l'Afri'4L" qui sont en ville pour une escale de 2 jours, technique et alimentaire avant de partir à l'assaut des dunes de Mhamid et bivouaquer loin de tout.

Au camping "Jardins de Zagora", nous commandons pour le soir des tajines poulet-citrons confits (délicieuses), et nous laissons des messages téléphoniques à nos enfants, faute de les avoir eus en direct.

9 avril : Aujourd'hui, départ vers le Sud (près de la frontière algérienne). La route est bonne mais parfois étroite, il y a très peu de circulation. Progressivement, l'erg se mélange au reg. Près de la route, le sable est retenu par des branches de palmiers plantées dans les dunes en losanges. A midi, nous nous arrêtons à l'entrée d'un village pour manger. Après le repas, un mécano travaillant en face de nous se déplace pour nous souhaiter la bienvenue et nous offrir le thé. Agréable surprise, bien que nous y soyons habitués !

Mhamid est le terminus de la route. Ensuite, c'est le sable. Nous nous y installons, au camping Hamada du Draa. A cet endroit, le fleuve coule sous le sable, on ne voit plus l'eau, qui réapparaîtra seulement quelques km avant son embouchure.

Nous réservons pour demain notre rando à dos de dromadaire avec nuit sous kaïma dans le sable. Nous sommes toute l'après-midi en maillot de bain (Nicole profite de la piscine du camp pour se rafraîchir). Repas du soir dehors jusqu'à 21h où la t° fraîchit à 29° !

 

10 avril : Nuit calme, ciel bleu mais toujours poussiéreux. Nous prenons le petit déjeuner dehors. L'après- midi, le vent monte et le sable vole : nous fermons toutes les ouvertures du c-car, et pourtant, le sable rentre ! On ne voit plus l'horizon, caché par un épais voile de poussière et sable... Partirons-nous en drom ce soir ? La réception du camp nous assure que le vent se calmera ce soir, Inch Allah !

Départ de notre méharée à 17h. Les chèches sont indispensables contre le vent, et nous protégeons comme on peut nos appareils photos. Pour Nicole, c'est un "baptême" de drom, et elle n'est pas trop rassurée au début, mais elle est très courageuse, et elle se débrouille très bien. Pour notre 3ème expérience, nous trouvons que les paysages et les dunes de ce coin sont moins beaux et moins colorés qu'à Merzouga et même qu'à Chegaga, à 60km d'ici. Mais c'est toujours une belle aventure...

Et quand nous arrivons à "Désert Bivouac", quelle récompense ! C'est un décor des Mille et Unes Nuits. Les chambres et le resto forment un carré autour d'une "cour" couverte de tapis épais sur lesquels sont disposées des tables et des banquettes. Malheureusement, nous devrons manger à l'intérieur ce soir pour ne pas avaler de sable! Les chambres sont impeccables: lits de 2m sur 1,80m, draps, couverture et serviettes de bain. Non, il n'y a pas de piscine, mais des douches, lavabos et WC propres.

Après nous avoir montré nos installations, on nous offre le thé de bienvenue, accompagné comme souvent de cacahuètes salées, d'olives et de biscuits.

Le vent s'est calmé, nous assistons au coucher de soleil sur les petites dunes. Un couple d'américains est arrivé en 4x4 avec leur fille; nous serons donc 7 à table ce soir. Nous avons mangé l'harira (soupe de légumes), un tajine poulet-légumes, et 1 pomme et 1 orange en dessert + 1 maxi d'eau. Après ce repas excellent et copieux, feu de camp, musique et chants des nomades berbères. Ensuite, dans une obscurité totale, observation des étoiles. Elles brillent fort dans un ciel noir, le silence est profond, c'est un moment magique, on aimerait qu'il se prolonge... C'est cela, le désert ! Il faut cependant aller dormir pour voir le soleil se lever demain...

11 avril : Nuit silencieuse et courte : réveil à 6h45 pour voir le lever du soleil. Il faut mettre sa polaire, et le sable, si chaud hier, est très froid ce matin. Ensuite, petit-déjeuner en buffet. Eh oui, même dans le désert, le bivouac a obtenu en 2015, un prix d'excellence de Trip Advisor. Thé, café, lait, jus d'oranges, yaourts, Vache qui Rit, beurre, confitures (fraises et abricots), huile d'olive, miel, pain, beignets tous chauds faits devant nous. Que c'est bon !

Mais il est l'heure de rentrer au camping (près de 2h de drom) car nous voulons aller au souk, qui a lieu aujourd'hui jusque 13h. Le ciel est bleu, il n'y a pas de vent, et le soleil commence sérieusement à chauffer. Nous sommes tous très heureux de cette excursion.

Achat de fruits et légumes au souk, et de pain (tout chaud, directement au four), puis retour au camping, nous sommes fatigués (les abducteurs ont été mis à rude épreuve sur nos montures !)

Voilà, nous avons essayé de vous faire vivre cette expérience exceptionnelle avec les touareg dans les dunes, même s'il est dit que "Le désert se vit, il ne se raconte pas".

Vivez donc cette aventure un jour si vous en avez la possibilité ...